Critique

le rôle du PO est de satisfaire l’utilisateur!

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En plus du développement logiciel et de l’expérience utilisateur, je m’intéresse beaucoup à la communauté Agile. Je compte même refaire des expériences en tant que ScrumMaster 🙂

Les méthodes Agiles représentent une nette amélioration dans le management du développement de produits et en particulier des logiciels. Cependant les concepts derrière ne sont pas encore toujours naturels et il y a encore beaucoup de discussions sur leur mise en pratique.

Le dernier débat a concerné les Users Stories (vous notez qu’on parle des histoires de l’utilisateur 😉 ).

Or au milieu de l’article, je lis « Le rôle du PO n’est pas de satisfaire les utilisateurs ».

Mais alors quel est le rôle du Product Owner ? Satisfaire son chef pour avoir une promotion ? Satisfaire son équipe ? sa femme ? son conseiller financier ?

Bon ok, je manipule l’information en ne citant pas le reste « Le rôle du PO n’est pas de satisfaire les utilisateurs. Il est de maximiser le retour sur investissement du produit. La différence, pour moi, se situe à deux niveaux : la prise en compte de l’ensemble des parties prenantes au projet, d’une part, et la prise en compte du long terme d’autre part ». Mais quand même!

C’est justement un des drames de certains produits: avoir laissé de côté la satisfaction de l’utilisateur. Un produit qui ne cherche pas à satisfaire l’utilisateur c’est au mieux de l’art au pire une arnaque mais ça n’a rien à faire dans une entreprise qui veut gagner de l’argent sur le long terme. Même pour un projet interne, par exemple dans une DSI, le but premier devrait être de satisfaire l’utilisateur et pas uniquement dépenser le budget de l’année.

Même un développeur quand il écrit du code, une API ou un logiciel Open Source doit faire en sorte que l’utilisateur soit satisfait ou au moins pas frustré. C’est d’ailleurs le but de ma présentation Faire du code centré sur l’humain.

En fait le rôle du Product Owner (ou tout responsable du produit) est de satisfaire l’utilisateur en priorisant cette satisfaction en fonction du ROI tout en prenant en compte les autres parties prenantes du projet. Seule la satisfaction de l’utilisateur permet de garantir le long terme.

Bon, après il y a aussi d’exemples de réussites commerciales qui ont malheureusement mis de côté l’utilisateur, mais je ne pense pas que ce soit une stratégie gagnante de nos jours où le nombre d’acteurs se multiplient et la qualité de l’expérience utilisateur augmente.

Mise à jour: Tiens ça tombe bien, cet article nous parle du manque de considération de l’expérience utilisateur dans les DSI et comment améliorer les choses. Il parle du concept de Développeur UX ce qui me plait bien 🙂

L’expérience utilisateur du nouveau site Transilien

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Transilien, le site des réseaux ferrés d’Ile de France a récemment refait son site avec une importante communication.
Et le résultat me semble être un échec en termes d’expérience utilisateur. Le premier constat à l’utilisation du site est que l’ancien site (malheureusement non accessible même sur Google Cache) était plus clair. Seule question d’habitude ? Pas si sûr.
Il ressort que le rapport signal-bruit du site est très mauvais.
Surtout si on prend en compte le principal cas d’utilisation du site que je connais : rechercher l’horaire et le trajet qui nous arrange plus d’un point de départ A à un point d’arrivée B.

Commençons par le formulaire de recherche, je pense qu’on pourrait facilement enlever certains éléments et ainsi simplifier l’utilisation tout en gardant une interface classique, c’est-à-dire très proche de l’existant ou de sites similaires comme celui de la RATP ou de la SNCF. Ce dernier est d’ailleurs une très bonne surprise en terme d’UX.
Déjà les deux boutons « plans » affichent exactement la même fenêtre: pourquoi ne pas rapprocher les champs de recherche, unifier ce bouton et en profiter pour le remplacer par une icône ?
Quelle est la valeur ajoutée de la flèche à coté de « De » et « A » ? A quoi renvoi l’astérisque ?
Pourquoi ne pas indiquer seulement en titre « Votre trajet » en laissant les icones indiquant l’ensemble des moyens de transport (Bus, RER, Ratp ..). Ce sont des détails mais qui permettrait d’alléger sensiblement l’interface et la rendre plus agréable.


On arrive ensuite à la page de résultats. Je ne suis pas designer visuel mais je la trouve beaucoup trop chargée visuellement avec un mauvais contraste visuel. Les éléments tels que l’heure de départ et d’arrivée ou encore se déplacer chronologiquement dans les trains ne sont pas mis en avant et pourtant sont normalement les plus importants. Mon œil est principalement attiré par la zone supérieure où il n’y a pas les boutons suivant et précédent qui se retrouvent dans la partie inférieure (au contraire du bouton Ajouter à mes favoris qui est présent 3 fois et dont je ne me suis jamais servi!).  Le manque de direction et de clarté visuelle font que les informations sur le trajet (mode de transport, durée du trajet, heure de départ et  arrivée) se retrouvent en double. Il y a aussi un manque de cohérence par exemple pourquoi ne pas garder le style en XX min pour la durée du trajet au lieu de mettre sur la durée totale du trajet XXhXX.
Une action aussi importante que « modifier votre trajet » est mis en haut de l’interface sans design particulier pour la rendre facilement utilisable (surtout si on suit la loi de fitts).
Je ne sais quelles sont les contraintes et raisons qui ont poussé vers ce nouveau design ni quels en était les objectifs mais, si je prends mon besoin de rechercher le trajet qui me convient le mieux entre 2 lieux, la nouvelle interface est clairement perfectible.
C’est encore plus vrai quand on compare à des interfaces aussi simple et efficace que celle de Capitaine de Train ou celle de la SNCF. Le plus étonnant c’est que l’interface de l’application Android ou iPhone de Transillien est bien plus claire et efficace !
Peut être que le design de l’interface du site aurait du partir du design des versions mobiles (comme le préconise Luke Wroblewski dans son livre Mobile First. N°6)

J’espère que cet article génèrera des commentaires notamment de designers expérimentés.

Application « Notes » sur iPhone : pourquoi Apple a tout faux

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Faire ressembler l’application « Notes » à un vrai carnet de note est une erreur.

La première fois que j’ai utilisé un iPad, j’ai lancé l’application Notes. Et avec le niveau de détail supérieur à l’iPhone je me suis rendu compte de toute la décoration qu’Apple a ajouté à son application : fond type papier, bordures en cuir, feuilles légèrement déchirées au bord…

Assez pour le faire ressembler à un vrai calepin. Mauvais.

J’ai regardé sur iPhone : idem.

Quel est le problème avec cette approche ?

1. Même apparence = même interaction (en théorie)

Ruled Notebook and Lamy Scribble Pencil

Ce que j’aime avec les carnets papier c’est la possibilité d’écrire dessus. Pas son apparence.

Donc lorsque j’utilise l’application « Notes » je veux écrire dessus, pas le regarder.

Mais vous allez me répondre : « affordance » (ou incitation si vous parlez français). L’apparence nous invite à écrire (au cas où le nom de l’application ne soit pas clair). Et au pire, c’est du bonus.

Vous avez raison. Mais l’incitation fonctionne si le modèle d’utlisation est le même que pour un carnet. Or on est loin de pouvoir faire autant. A quoi sert de ressembler à un carnet (au pixel près) si on ne peut pas l’utiliser de la même façon ?

Je n’étais pas complètement sincère quand j’ai dis que je voulais juste écrire sur un carnet : je veux surtout dessiner, faire des schémas, barrer, écrire de travers…. Vous voyez l’idée. L’application ressemble à un carnet, mais je ne peux pas l’utiliser comme un carnet.

Si l’application ne reprenait pas l’incitation du carnet je n’aurais pas forcement envie de dessiner dessus, je saurais que je ne peux que prendre des notes. Cela dit, les lignes horizontales en travers de la page montre qu’il s’agit principalement d’écriture et non de dessin.

2. Éliminer les contraintes du réel, pas les reproduire.

D’une application j’attends qu’elle résolve des problèmes impossibles à résoudre sur un vrai carnet. Autrement j’utiliser un carnet, c’est plus pratique (et je peux dessiner).

Ce que je ne peux pas faire avec un carnet que « Notes » permet de faire :

  • Pas besoin de stylo
  • Partager mes notes par mail
  • Copier/Coller
  • Annuler (notez que sur papier il est plus facile de barrer que d’annuler sur iPhone)

Ce que je ne peux faire ni avec un carnet ni avec un iPhone:

  • Mettre une photo que je viens de prendre dans mes notes (faisable avec un appareil photo instantané à côté)
  • Dessiner (j’y tiens)

Vous l’aurez compris : il y a une différence entre l’apparence de l’application et ses capacités. Il ne faut pas reproduire les paradigmes incomplets ou trop vieux. Simplement faire autre chose.

Les logiciels devraient s’inspirer de la réalité, mais faire au moins la même chose. Pas moins.

Même problème avec l’application « Calendrier » sur iPad : ce qui me gêne dans la réalité a été ajouté (sur iPhone ce n’est pas le cas et tant mieux) : la pliure du milieu, les marges, la séquentialité… Tout ça pour que l’application ressemble à un vrai agenda : on s’en moque !

Dernier exemple BumpTop : il est basé sur un principe qui nous rend la vie dure : la gravité.  Maintenant je dois lutter conte elle aussi dans mon ordinateur…

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